LES CÉPHÉIDES (2016)

In memoriam Pierre Boulez

à Marie Françoise et Gaétan PUAUD - Editions Leduc
violon, violoncelle et piano - 13'30
commande : Etat pour le Trio Élégiaque, avec le soutien de la fondation Mica et Francis Salabert
création 29 juillet 2016, France, Eglise de La Grave, Festival Messiaen au pays de la Meije
Trio élégiaque : Philippe Aïche (violon), Virginie Constant (violoncelle), François Dumont (piano)

 

Note de programme

J'ai toujours été fasciné par l'univers et l'astronomie, probablement à cause de la grande part d’inconnu et d'énigme que le cosmos recèle, nous ouvrant ainsi l'imaginaire et tous les champs du possible. Devant l'infini de cette voûte étoilée, immense, mystérieuse, transparente, on peut alors tenter de capter cette énergie qui vient de l'au-delà, et se mettre en relation avec l'inconnu, l'invisible, l'indicible pour donner à cet infini une dimension sensible. Les Céphéides s'inscrivent dans cette démarche commencée depuis près de 40 ans, comme en témoignent mes œuvres : Années-Lumière, Éclipse, L'Harmonie des Sphères, Vent Solaire, La Chevelure de Bérénice

En m'inspirant de la définition des céphéides (étoiles dont la luminosité est variable avec des périodes régulières se répétant sans fin) j'ai tenté d'inviter l'auditeur à voyager dans l'espace et à pénétrer dans un autre espace, tout aussi impalpable et fragile… celui de la musique.

Ainsi, par des emboîtements de répétitions, la première partie nous convie très progressivement "vers le centre des céphéides". Puis après un jaillissement fulgurant très coloré de figures-rubans, et une transition "en apesanteur", la deuxième partie nous conduit "vers une lumière venant de nulle part" avec les longues phrases très contemplatives du violoncelle, enrichies un peu plus loin d'un contrepoint au violon. Après une autre transition "l'étrange miroir" et sa polyphonie flottante, la troisième partie très exubérante s'achève avec un retour "vers le centre des céphéides" mais exprimé avec des matériaux musicaux très différents et se concluant par une Coda suspendue, pour rester en résonance avec l'infini du cosmos.

3A

 

Article de presse

Michèle TOSI, critique musicale, dans Anaclase, chronique da camera, août 2016

" … travail minutieux sur les textures et le mouvement activé par les processus… son écriture toujours exigeante et risquée sollicite de nombreux modes de jeu pour forger le timbre et la texture souhaitée, telle cette granulation fragile et scintillante des premières pages que réalisent les deux archets sur les stries légères du piano. Plus spectaculaire, au terme du premier processus d'intensification, cet éclatement de l'espace, "comme un jaillissement" note le compositeur, qui libère une gerbe d'arabesques (les figures-rubans dans le vocabulaire de la musique de Gaussin) balayant l'espace avec une énergie décuplée. Plus contemplative, la partie centrale est dévolue au violoncelle empruntant une ligne ascensionnelle ornée aux huitième et douzième de ton. Le violon s'y agrège pour soutenir l'intensité de cette méditation tendue.
Attentif et concentré, le Trio Élégiaque nous fait pénétrer au centre des
Céphéides en révélant la richesse et la singularité d'un imaginaire foisonnant. "

 

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