ÉCLIPSE (1979)

à Olivier MESSIAEN - Editions Ricordi (Paris)
2 pianos solos et 16 ou 22 instruments - durée : 19’
1(pic).1(cor ang).2(clB).1-1.1.1.1, 2perc, hp-crd(1.0.1.1.1)
commande : Etat pour l’Ensemble Intercontemporain
création : 7 juin 1979, Paris, Centre Georges Pompidou
Ensemble Intercontemporain, Denis RUSSELL DAVIES (direction)

 

Note de programme

Par le jeu de la rotation universelle, trois astres s'alignent sur un axe privilégié. Le mouvement de ces planètes, imperturbable, modifie considérablement les zones dans lesquelles s'installe ce phénomène. Sur terre, cette transformation, très lente, invite l’Homme à une réflexion sur lui-même, à un repli sur soi, à une descente vers les racines de son existence.

Sur le plan musical, ce n'est pas tant le côté descriptif du phénomène qui sera exposé, mais bien plus le processus psychologique et méditatif qui l'accompagne.

Un parcours rapide de la partition montre une succession de cinq grandes phases qui s'imbriquent lentement les unes dans les autres, sauf pour l'enchaînement de la deuxième à la troisième qui s'effectue de façon sèche et brutale.

La première phase se compose d'un élément tenu stable dans lequel fusionne un dialogue ornemental entre la harpe et le vibraphone. Sur ce paysage sonore apparaît le basson puis, le hautbois avec une très longue phrase en plusieurs périodes ascendantes.

Dans la deuxième phase, sept musiques différentes vont cohabiter, se superposer, s'enchaîner et jouer les unes par rapport aux autres, dans un contexte développé d’imbrications polyrythmiques.

Le moment où l'éclipse est totale est symbolisé par une grande rupture, avec les fff des tam-tams. Cette troisième phase, sorte de bruit blanc très intense, nous fait pénétrer dans un espace où le Temps est aboli. Après une rafale d'attaques sfff des tam-tams, la matière sonore se colore très lentement par une hybridation de la masse harmonique des autres instruments.

Dans la longue résonance des percussions métalliques, la quatrième phase dévoile une matière harmonique large et lente (pianos, harpe et pizzicati des cordes), tandis que les instruments à vent déploient de longues phrases chromatisées en contrepoint imbriqué à deux voix, puis quatre et six voix.

Après avoir convergé vers le point culminant de la dernière phase, d’autres matériaux sonores se développent puis cheminent progressivement vers l’extrême aigu, en d’infimes vibrations scintillantes.

L'œuvre s'achève vers le soleil, vers la Lumière - seul espoir - seul devenir à notre Humanité.

3A

 

→ Voir lettre de Messiaen à Allain Gaussin

 

Articles de presse

Bruno SERROU, Harmonie, Panorama de la musique n°46, Disques Calliope, octobre 1984

" Allain Gaussin retient la leçon sérielle pour exploiter les timbres avec plus d'intensité tout en élargissant son propre langage. Les trois pièces réunies ici, purement instrumentales, révèlent les grandes qualités de ce musicien. Éclipse, la page la plus longue du programme, est écrite pour petit orchestre et deux pianos. Dédiée à Olivier Messiaen, elle en a les qualités poétiques, mais avec sa personnalité propre. Le compositeur exploite au maximum les particularités des différents pupitres instrumentaux avec une maîtrise certaine. "


Olivier MESSIAEN, compositeur, 22 décembre 1980

" ... Éclipse est votre plus belle œuvre à ce jour, on y retrouve certains éléments esthétiques de vos œuvres antérieures, mais beaucoup plus affinés, beaucoup plus développés, et comme transfigurés. L'effet doit être extraordinaire à l'audition... "


Dino VILLATICO, La Republica, La musica contemporanea a Villa Medici, 2 juillet 1979

" Di tutt'altro carattere le musiche dei tre borsisti dell'Academia di Francia. Éclipse, di Allain Gaussin, per orchestra, contrappone due blocchi simmetrici di fasce sonore, ognuno dei quali parte da una fascia sottile e statica, per aumentare a poco a poco d'intensita e di spessore, e ricadere di nuovo quasi nell'impercettibile e nel silenzio. "

 

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