BIOGRAPHIE DÉTAILLÉE

Allain GAUSSIN est né à Saint-Sever (Normandie) en 1943. Très tôt, il sait qu'il sera compositeur, mais il ne reçoit aucun enseignement musical car ses parents s'opposeront toujours à sa vocation. C'est ainsi qu'à vingt ans il décide de les quitter et d'interrompre un cursus de mathématiques-physique-chimie entrepris à l'Université d'Orsay pour débuter des études musicales.

 

LA FORMATION

À partir d'octobre 1966, il entre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris où il obtient successivement un 2e prix d'harmonie (Roger Boutry), un 1er prix de contrepoint (Jean Claude Henry), un 1er prix de fugue (Yvonne Desportes), un 1er prix d'analyse (Jean Pierre Guézec puis Claude Ballif) et enfin le prix de composition dans la classe d'Olivier Messiaen qu'il fréquente de 1972 à 1976.

Il étudie par ailleurs le piano (Hélène Boschi) à l'Ecole Normale de Paris, la direction de chœur, la direction d'orchestre à Nice (Louis Fourestier) et au CNSM de Paris (Robert Blot) et enfin la musique électroacoustique au GRM de 1973 à 1975 (Pierre Schaeffer et Guy Reibel).

Il suit un stage d'informatique musicale en 1984 à l'Ircam. Il poursuit cette initiation de 1997 à 1999 à l'occasion d'une résidence au Studio Sonus du CNSM de Lyon. Enfin, de 2004 à 2005, il approfondira ses connaissances avec l'outil informatique à l'Ircam en faisant partie d'un groupe de travail sur le rythme.

 

LES VOYAGES

En 1977, Allain GAUSSIN a été sélectionné pour être pensionnaire à l'Académie de France à Rome (Villa Medicis) où il réside deux ans. Il y compose notamment Colosseo (1978) et Eclipse (1979). C'est là qu'il rencontrera à plusieurs reprises Giacinto Scelsi. En 1984, il est lauréat du DAAD à Berlin (Académie Internationale des Arts) pour un séjour d’un an. Il y découvre d'autres sensibilités musicales et d'autres esthétiques, comme celle de la plasticienne coréenne Ouhi Cha. C'est à cette période qu'il compose son quatuor à cordes Chakra qui sera créé à Paris en 1985 par le Quatuor Arditti.

"On sent chez ce garçon qui est tellement timide en apparence, une violence et une force dans son approche de la musique, une espèce d'empoignade avec le matériau. Et la structure alors, il faut que la structure vraiment éclate. C'est assez fabuleux …" (Brigitte Massin, musicologue).

En 1994, en tant que lauréat de la Villa Kujoyama, il séjourne quatre mois à Kyoto. Il y retrouvera la trace d'une musique de la flûte shakuhachi des musiques bouddhiques zen japonaises qu'il avait enregistrée sur les ondes et qui l'avait très fortement marqué pendant la période où, jeune compositeur, il cherchait sa propre voie. Ainsi la culture japonaise vient enrichir ses sources d'inspiration, comme en témoignent plusieurs compositions, telles Ogive (1977), Satori (1998), Jardin Zen (1999) et un peu plus tard, Tokyo-City (2008). Dans ce pays, il tisse des liens d'amitié et d'estime réciproque avec de nombreux artistes japonais.

 

"LA FORCE VITALE DE SA MUSIQUE"

D'Irisation-Rituel pour flûte, soprano et orchestre (1980), en passant par Arcane pour piano (1988), ou Années-Lumière pour grand orchestre (1992-93) ou encore L'Harmonie des Sphères pour ensemble (2006), “ si l'on parcourt le cheminement de GAUSSIN à travers ses oeuvres, on est fortement attiré par la force vitale de sa musique, par l'énergie subjuguante du mouvement des sons ” écrit Ivanka Stoïanova à propos d’Allain Gaussin.

Il est joué par les meilleurs ensembles, notamment, le BCMG de Birmingham, le Klangforum de Vienne, le Nouvel Ensemble Moderne de Montréal, l’Argento Ensemble de New York, l’Ensemble Modern de Frankfurt, le KNM de Berlin, le Studio for New Music de Moscou, le Tokyo Sinfonietta, l'Ensemble Dimension de Séoul, le Meitar Ensemble à Tel Aviv, les Percussions de Varsovie... et en France, l’Orchestre de Paris, l’Orchestre National de France, l’Ensemble Court-Circuit, l’Ensemble Sillages, l’Ensemble InterContemporain, l’Itinéraire, l’Ensemble Utopik, l'Ensemble les Temps Modernes…

De grands interprètes s'emparent de ses œuvres pour les diriger : Peter Eötvös, Pierre-André Valade, Jean Deroyer, Franck Ollu, Evan Christ, Alexandre Myrat, Mark Foster… ou les jouer en tant que soliste, comme les pianistes Jay Gottlieb, Louise Bessette, Frank Gutschmidt, Kotaro Fukuma, Christian Ivaldi… la claveciniste Elisabeth Chojnacka, comme les flûtistes, Pierre-Yves Artaud, Severino Gazzelloni… comme les clarinettistes Pierre Dutrieu, Jean Marc Fessard, Carol McGonnell, Ib Hausmann… comme les quatuors à cordes Arditti quartet, JACK quartet, Sonar quartett ou le quatuor Danel… et les sopranos Irène Jarsky, Isabel Soccoja, Raquel Camarinha, ou encore Camille Hesketh…

L'impact de cette musique semble inévitable: elle agit directement sur le corps, sur la sensibilité en attente ; elle impose un "passage obligé" explorant "l'espace intime du corps" relié par ses multiples facettes à "l'espace infini de l 'univers"... ” (Ivanka Stoianova)

Allain GAUSSIN est lauréat du Prix de la SACEM en 1983 et en 1989, de la Fondation de France pour Arcane en 1986, reçoit le parrainage de la Fondation Beaumarchais en 1991 et de l'Association Orcofi en 1992. En 1998, le Prix international de composition ICONS (Centre International des sources musicales nouvelles) de Turin lui est attribué pour Mosaïque Céleste. A deux reprises, son œuvre est couronnée par le Grand Prix de l'Académie Charles Cros. En 1995, pour Irisation-Rituel, Camaïeux et Arcane (Salabert, Harmonia Mundi) et en 2014 pour L'Harmonie des Sphères, Satori, Tokyo-City, Jardin Zen, Ogive et Chakra (Ameson).

Ses œuvres sont publiées chez Music Sales (Leduc, Heugel) et Universal (Salabert, Ricordi).

Il est depuis 2012 Président d'honneur de l'Association Franco-Japonaise de la Musique Contemporaine.

 

LA PÉDAGOGIE

C'est en Essonne que se trouve le Conservatoire Olivier Messiaen qu'Allain GAUSSIN fondera à Ris-Orangis dans les années 70. Pendant plus de dix ans, il dirige cet établissement avec des méthodes innovantes, imposant entre autres, à chaque professeur de faire jouer aux élèves des partitions de compositeurs vivants.

Dès les années 80, il débute une carrière de professeur à Paris. Il enseigne la composition à la Schola Cantorum de 1981 à 1992, puis, la composition et l’orchestration dans les conservatoires municipaux d'arrondissement de 1991 à 2000 et à Sevran de 2000 à 2008.
Parallèlement il anime, de 1998 à 2001, des séminaires de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon et de Paris. En 2003-2004 il remplace Marco Stroppa comme professeur de composition au CNSM de Paris.

A l'étranger, c'est d'abord à Darmstadt qu'il donne des conférences et des cours de composition en 1986 puis 1988. Par la suite, il sera invité pour des conférences et des master-classes, notamment en Asie (Osaka, Kyoto, Tokyo, Séoul) en Amérique (New York à la Columbia, San Francisco à Berkeley, Montréal) et à Moscou (Conservatoire Tchaïkovsky).

De 2004 à 2011, il se rend régulièrement au Japon, sa « seconde patrie », pour dispenser des cours d’orchestration aux étudiants du 3e cycle de l’Osaka College of Music. Le titre de « Professeur invité » lui sera attribué à son départ à la retraite en 2011.
De 2010 à 2012, dans le cadre de l'Académie de musique française de Kyoto, il organise chaque année un séminaire de composition. Il institue le "Prix Olivier Messiaen" pour clôturer chaque session.

Aujourd'hui, il enseigne la composition au Conservatoire américain de Fontainebleau, où il assure toujours depuis 2003, des cours d'été.

 

LA POÉSIE

Dès 1976 Allain GAUSSIN publie à compte d'auteur un recueil de poèmes de jeunesse, Transes et Lumière, qui sera préfacé par Olivier Messiaen. Plus tard, seront publiés aux éditions d'écarts, certains poèmes écrits simultanément à la composition d'une œuvre musicale avec des titres éponymes. C'est L'attente… L'absolu (2004) réédité dans une traduction allemande en 2009 puis dans une version augmentée en 2013.

 

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A propos d'Allain GAUSSIN, Henri Dutilleux déclarait en 1981 : "Dès le premier contact avec sa musique, j'ai eu le sentiment de me trouver en présence d'une nature artistique authentique. Chez lui s'harmonisent très heureusement un sens poétique inné et un goût de la recherche et de l'expérimentation des techniques les plus évoluées de notre temps…"

 

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